Le réseau de proximité qui vous suit dans votre vie d’artisan en Nouvelle-Aquitaine
Le réseau de proximité qui vous suit dans votre vie d’artisan en Nouvelle-Aquitaine
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À Gironde-sur-Dropt, l’entreprise Storme-Pruvost perpétue la tradition des carreaux de Gironde, essentiels au patrimoine régional. Un artisanat menacé, sauvé en partie grâce à la CMA.
Il faut s’aventurer dans la vallée du Dropt, à la lisière de l’Entre-deux-Mers, pour découvrir un lieu hors du temps : l’atelier Storme-Pruvost. Dans cet ancien fournil, l’un des derniers de la région encore en activité, naissent les carreaux de Gironde, ces dalles ocre rouge en terre cuite qui habillent depuis des siècles trottoirs bordelais, églises rurales, caves à vin ou châteaux viticoles. Leur teinte chaude, leur texture brute, leur irrégularité assumée en font un matériau à la fois rustique et raffiné, profondément ancré dans l’identité du territoire. "Chaque carreau a une âme », raconte Jean-Marie Pruvost. « On ne fabrique pas des produits industriels. Ce sont des pièces qui s’intègrent dans des lieux chargés d’histoire, et qui doivent pouvoir dialoguer avec les murs anciens."
L’histoire du site remonte à 1850. À l’époque, la petite tuilerie de Gironde-sur-Dropt utilisait la richesse argileuse du sol local pour produire à la fois des tuiles et des dalles. Depuis, le procédé a peu changé : l’argile est extraite dans un rayon de quelques kilomètres, décantée, malaxée, puis moulée, séchée et cuite à plus de 1 000°C.
Une partie de la production est aujourd’hui mécanisée, mais certains formats, notamment les plus traditionnels ou sur-mesure, sont encore façonnés à la main dans des moules en bois sablés. "La main de l’homme reste indispensable", souligne Dominique Storme.
"Pour les bâtiments historiques, les architectes veulent du sur-mesure, des formats spécifiques, une texture unique." Cette exigence de fidélité historique s’accompagne d’un véritable savoir-faire transmis oralement, par l’observation et la pratique. Avec trois salariés passionnés, l’équipe continue à former en interne pour ne pas rompre cette chaîne précieuse.
Mais préserver ce savoir-faire ne va pas sans difficultés. Le principal obstacle : la consommation énergétique. La cuisson des carreaux, en particulier, représente une dépense considérable, rendue critique par la crise du gaz de 2022. À cette époque, la viabilité de l’entreprise est sérieusement remise en question. "Le four était devenu un gouffre. On se demandait si on allait pouvoir continuer", se souvient Jean-Marie. C’est alors que la CMA Nouvelle-Aquitaine intervient, mobilisant ses compétences en matière de performance énergétique et d’accompagnement d’entreprise. Un diagnostic complet est réalisé pour envisager d’autres sources d’énergie, optimiser les processus et sécuriser l’activité. Grâce à cet appui, des solutions sont identifiées, parmi lesquelles une meilleure régulation des températures de cuisson et une réflexion sur l’investissement dans un four hybride.
Aujourd’hui, Storme-Pruvost est devenu un partenaire incontournable des chantiers de restauration du patrimoine. Les carreaux de Gironde de l’atelier ont retrouvé leur place au phare de Cordouan, classé à l’UNESCO, ou encore dans les prestigieuses propriétés viticoles du Médoc comme le château Lafite Rothschild. Les commandes affluent également de particuliers sensibles à l’authenticité ou engagés dans des rénovations patrimoniales. "On a parfois des clients qui viennent avec un carreau ancien cassé en main et qui nous disent : “Je veux le même.” C’est là que notre métier prend tout son sens", confie Dominique Storme. Cette reconnaissance, l’entreprise la doit à la persévérance de ses dirigeants, mais aussi à l’écosystème d’acteurs publics, à commencer par la CMA, qui ont cru en l’avenir de ce métier d’art.
Alors que l’entreprise va célébrer 175 ans d’activité en 2025, la question de la transmission se pose. Jean-Marie Pruvost et Dominique Storme cherchent aujourd’hui à faire émerger une relève, à former des jeunes capables de reprendre le flambeau. "Ce n’est pas un métier facile. Il faut aimer la matière, le feu, le rythme des saisons. Mais c’est un métier riche, qui a du sens", insiste Jean-Marie. Un projet de partenariat avec un centre de formation est en réflexion, de même qu’une ouverture partielle de l’atelier au public, pour mieux faire connaître ce patrimoine vivant.
Les dates clés
1850 : Naissance de la tuilerie à Gironde-sur-Dropt.
Années 1960 : Raccordement au gaz de ville et modernisation des fours.
2022 : Crise énergétique, intervention de la CMA Nouvelle-Aquitaine.
2025 : 175 ans de tradition célébrés.
Crédits photos : Alban Gilbert Photographe
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