Martin Fils : six générations au service de l’habitat

Aux origines : du cuivre et du feu 

L’histoire de Martin Fils débute en 1884, quand Jean Martin, colporteur originaire des Pyrénées, installe à Fumel un atelier de ferblanterie. Il y fabrique des pompes mécaniques, des lampes à pétrole et des ustensiles en métal, répondant aux besoins d’un territoire en plein développement industriel et démographique. Visionnaire, il anticipe les évolutions de la société locale. Son fils Pierre Vital, formé à ses côtés, ouvre en 1895 un premier commerce fixe rue Dubarry. Le stock est rangé dans la cuisine familiale, mais la devanture expose casseroles, bassines et autres objets du quotidien. 

Une entreprise qui épouse les évolutions du confort domestique 

Après la Grande Guerre, Dieudonné Martin reprend les rênes. Blessé au front, il revient à la vie civile pour adapter l’entreprise à l’arrivée de l’eau courante dans les foyers. C’est le début de la plomberie, de la zinguerie, de l’installation de cuisinières à gaz et de ballons d’eau chaude. La boutique gagne en notoriété et diversifie son offre, exposant en vitrine arts de la table et équipements ménagers. 
L’essor se poursuit avec Robert Martin, après 1945. Il embauche un premier salarié en 1948 pour répondre à la demande croissante en chauffage central – alors une révolution – et pour aménager des salles de bains dans les logements anciens et les nouvelles constructions liées à la prospérité de l’usine métallurgique locale. L’entreprise entre de plain-pied dans la modernité. 

Des frères bâtisseurs et un déménagement stratégique 

En 1984, Max Martin prend la relève, bientôt rejoint par son frère Claude. Ensemble, ils font croître l’entreprise qui emploie une douzaine de personnes. Deux boutiques sont ouvertes de part et d’autre de la rue Dubarry, l’une spécialisée dans les arts de la table, l’autre dans les vêtements et les robes de mariée. L’époque est au développement et à la diversification. 

Mais les mutations commerciales forcent une décision décisive. En 2005, constatant la désertification progressive du centre-ville de Fumel, Max et Claude déplacent toute l’activité à Montayral, dans un bâtiment de 3 500 m² dont 1 000 m² de surface de vente. Ce déménagement permet d’optimiser la logistique et de répondre aux contraintes de livraison et de stationnement. C’est aussi une façon de préserver l’avenir. 

Aujourd’hui : innovation énergétique et transmission assurée 

Cécile Roussel et Jean-Robert Martin, enfants de Max, représentent la sixième génération. À la tête d’une entreprise de 26 salariés, ils perpétuent le savoir-faire tout en engageant Martin Fils dans la transition énergétique. Chauffage, plomberie, électricité, sanitaire : les fondamentaux demeurent, mais les défis changent. 

"Nous remplaçons de plus en plus de chaudières à fioul par des pompes à chaleur, ou des installations solaires ou biomasse", explique Jean-Robert. L'entreprise intervient aussi sur le traitement de l’eau, devenu un axe de développement majeur. Et demain ? "Il faudra probablement s’attaquer à la qualité de l’air dans des maisons devenues trop hermétiques à cause de l’isolation." 

Une maison artisanale, humaine et résiliente 

Martin Fils a également fait preuve d’une capacité d’adaptation remarquable lors de la crise du Covid-19. Pendant le confinement, la partie magasin – dédiée à la décoration, aux arts de la table et aux salons de jardin – s’est réinventée avec des ventes en ligne via des lives sur Facebook et des livraisons gratuites, orchestrées avec l’aide des enfants de la famille. 

Cette agilité, couplée à une culture d’entreprise profondément humaine, garantit sa résilience. Le lien familial, la fidélité des salariés, l’écoute des clients et le respect du métier forment un socle solide. "Être artisan aujourd’hui, c’est conjuguer ancrage et innovation, rigueur et intuition", confie Cécile Roussel. 

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Crédits photos : Alban Gilbert Photographe